- KALPA
- KALPAKALPALe mot sanskrit kalpa signifie d’abord «agencement» et équivaut, dans la littérature védique, à rita ( リta ), qui désigne à la fois l’ordre cosmique, le rite et l’art, grâce à quoi les hommes parviennent à l’harmonie (autre sens du mot rita ) avec l’énergie universelle. Cependant, kalpa se réfère plutôt à la liturgie en tant qu’elle est la mise en scène, sur le plan humain, du drame cosmique vécu par les dieux. C’est pourquoi les traités rituels védiques s’appellent kalpas tra , «propositions normatives concernant l’agencement des actes rituels». Progressivement, c’est la notion d’«agencement du temps» qui prévaut, et, dans l’hindouisme proprement dit, aussi bien que dans le bouddhisme et le jaïnisme, kalpa en vient à désigner, de façon spécifique, l’agencement de la durée, le cycle cosmique. Les trois religions s’accordent alors (à partir du \KALPA VIe s.) pour appeler kalpa la «grande année» universelle, divisée en périodes de temps (que l’hindouisme nomme manv-antara , «intervalle de temps régi par un manu») identiques dans leur structure quadripartite. Chacune des composantes de cette structure porte le nom de yuga , et c’est ainsi que se succèdent le krita-yuga (k リtayuga ), semblable à l’âge d’or d’Hésiode; puis le tréta-yuga (tretayuga ), âge d’argent; le dvâpara-yuga (dv parayuga ), âge de bronze; enfin, le pire de tous, le kali-yuga (kaliyuga ), celui dans lequel nous vivons actuellement. À la fin de chacun de ces manvantaras, une catastrophe cosmique (du type du Déluge, par exemple) intervient, et, après la destruction du monde terrestre, se produit la résurrection de notre sphère d’existence dans sa perfection sans tache. À la fin du kalpa lui-même (dont on affirme le plus souvent qu’il est formé de douze manvantaras), c’est l’Univers tout entier (et pas seulement notre Terre) qui disparaît: en fait, toute forme d’existence se résorbe en brahman avant de se déployer de nouveau à l’aube d’un nouveau kalpa, et ainsi de suite, pour l’éternité.Signalons enfin que la philosophie indienne, tant bouddhique qu’hindoue, utilise parfois le mot kalpa pour désigner les «agencements» mentaux, les constructions de l’esprit qui n’ont pas d’être propre, dans la mesure où elles n’existent que par elles-mêmes, indépendamment de la réalité sensible (même si les éléments de ces constructions sont d’origine sensible). En ce sens, kalpa équivaut à peu près à ce que nous nommons «imagination» (à condition de donner à ce mot la signification la plus «irrationnelle» possible).
Encyclopédie Universelle. 2012.